Dimanche dernier [
article publié le 27 novembre 2008], Madjid, dont de nom de famille n'a pas été révélé, a été pendue à Bandar Abbas pour trafic de drogue. Hier, le juge Jaberi, le bourreau de la prison Evine (photo ci-dessus) de Téhéran a annoncé la pendaison de dix meurtriers. Il y avait dans ce lot 9 inconnus (1) et une prisonnière célèbre, Fatemeh Haghighat-pajouh, qui végétait dans le couloir de la mort depuis 7 ans, en sursis grâce aux pressions internationales pour empêcher l'exécution de cette mère de famille dont le cas ressemble à celui de beaucoup de femmes en Iran.
Fatemeh Haghighat-pajouh est l’une de ces millions d’Iraniennes démunies qui acceptent de vendre leur corps dans un mariage dit "provisoire", la version chiite de la prostitution. Ce type de mariage n'est destiné qu'à assurer la satisfaction sexuelle de l'époux ou à lui fournir une employée de maison bon marché, qui accepte parallèlement d'avoir des relations sexuelles. En mars 2001, Fatemeh Haghighat-pajouh, alors âgée de 30 ans, a tué son pseudo-mari toxicomane après que ce dernier ait avoué avoir violé Zahra, sa fille de 15 ans. Selon l’accusée, il avait beaucoup ri et promis de veiller sur Zahra, qui serait désormais « sa petite protégée ». Fatemeh a alors perdu la raison.
Le mari violeur était parti dans la pièce voisine pour prendre de la drogue. Folle de rage, Fatemeh l’étrangla avec son foulard, avant de découper le corps pour le sortir de chez elle. Elle partit ensuite à Mash’had, dans sa famille, mais elle fut arrêtée 6 mois plus tard et rapidement condamnée à mort. Il y une dizaine de meurtres de maris violents sous le régime des mollahs où la femme n’a aucun droit (et n’obtient rien après le divorce). Il y a aussi beaucoup d’infanticides de parents désespérés. Il n’est pas possible lire la page des faits divers sans finir en larmes.
Nous avions lancé il y a deux ans un appel sur ce site [
iran-resist.org] pour sensibiliser l’opinion sur son cas ; d’autres ont agi aussi dans ce sens aux quatre coins du monde. Cela n’a pas suffi : il y a deux jours, la direction de la prison a demandé aux deux filles de la suppliciée de se munir de leur acte de naissance pour venir chercher le corps de leur mère qui allait être pendue 48 heures plus tard.
Et ce régime, qui aime les symboles, l’a pendue le 26 novembre, le lendemain la Journée internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes.
Ces pendaisons portent à 244 le nombre de condamnés exécutés cette année en Iran depuis le début de l’année 2008.
En Iran, 109 délits sont passibles de la peine de mort par pendaison, décapitation, lapidation ou précipitation du haut d’une falaise (peine réservée aux homosexuels). Guerre contre Dieu, trahison, espionnage, meurtre, attaque à main armée, trafic de drogue à partir de plus de cinq kilos d’opium, viol, sodomie répétée (c'est à dire homosexualité), adultère, prostitution, apostasie et dernièrement « troubles à l’ordre public ».
(1)
Dix hommes ont été pendus aujourd’hui. Il y a 6 prisonniers politiques dans le lot dont nous avons obtenu les noms après la publication de cet article. Il s’agit de : Abbas Tchekab, Javad Tahouri, Seyd-Mohsen Hosseini, Ali Attari, Mojtaba Aghayi et Ali Khafanj (âgés de 24 à 37 ans).Source :
iran-resist.org et Death Penalty News, 27 novembre 2008
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